Les compétences psychosociales (CPS) sont un ensemble d’habiletés cognitives, émotionnelles et sociales que nous mobilisons pour faire face aux exigences de la vie quotidienne, réguler nos émotions, résoudre des problèmes et entretenir des relations positives. Cela représente par exemple la conscience de soi, la régulation émotionnelle, la capacité à communiquer, l’empathie et la résolution de problèmes. Le développement précoce de ces compétences chez l’enfant favorise un meilleur bien-être, une meilleure réussite scolaire et des relations familiales plus harmonieuses.
Pour un parent, promouvoir les CPS chez son enfant revient à l’accompagner dans l’apprentissage de compétences de vie – et en parallèle, à renforcer ses propres compétences parentales, ce qui crée un cercle vertueux. Les programmes d’éducation parentale et d’intervention précoce montrent qu’un soutien ciblé aux parents améliore non seulement le bien-être parental mais aussi l’adaptation émotionnelle et comportementale des enfants.
Parce que nos enfants apprennent d’abord par imitation et par interaction. Les parents qui montrent des stratégies de régulation émotionnelle, une communication assertive (c’est à dire exprimer ses opinions, ses besoins et ses émotions de manière claire, directe et respectueuse sans agressivité ni passivité) et une résolution de problèmes structurée fournissent un modèle que l’enfant pourra intégrer. Les environnements familiaux favorables (routines, soutien émotionnel, règles explicites) offrent des occasions répétées de pratiquer ces compétences. Ces mécanismes sont documentés dans la littérature sur le développement social-affectif et la promotion de la santé mentale.
Ensuite, les CPS protègent contre les risques et favorisent la résilience. Des compétences comme la régulation émotionnelle, l’aptitude à résoudre des problèmes et l’estime de soi servent de facteur de protection face aux situations stressantes (conflits, transitions scolaires, événements de vie). Les politiques de santé publique qui intègrent le développement des CPS visent à renforcer la résilience individuelle et communautaire.
Enfin, les interventions parentales ont fait leurs preuves ! Revues et guides montrent que les programmes de formation parentale (par ex. programmes fondés sur l’attachement, programmes psychoéducatifs) sont efficaces pour améliorer les comportements parentaux et, secondairement, les compétences socio-émotionnelles des enfants. Des revues identifient des effets positifs, particulièrement lorsque l’intervention est structurée, interactive et inclut des éléments pratiques (jeux de rôle, pratiques à la maison, coaching).
Pour faciliter le travail des parents, on peut regrouper les CPS en 7 compétences clés à travailler ensemble :
1- Conscience de soi – nommer ses émotions, reconnaître ses forces et ses limites.
2- Régulation émotionnelle – stratégies pour apaiser une émotion intense (respiration, pause, langage).
3- Empathie et compréhension des autres – reconnaître ce que l’autre ressent et pourquoi.
4- Communication efficace – exprimer ses besoins de façon claire et respectueuse (écoute active, phrases en « je »).
5- Résolution de problèmes / prise de décision – identifier un problème, générer des solutions, tester et évaluer.
6- Assertivité et limites – poser des règles claires sans agressivité.
7- Gestion du stress et persévérance – tolérer la frustration, relancer après un échec (le nerf de la guerre pour l’école notamment…)
Ces catégories s’alignent sur les cadres proposés par l’OMS et les agences de santé publique pour la classification des CPS. Elles donnent un guide pour fixer des objectifs d’apprentissage concrets en famille.
Avant de proposer des outils, connectons-nous à nos propres compétences psychosociales. Pendant longtemps, l’éducation a été pensée selon un modèle descendant : il y a ceux qui savent et ceux qui écoutent. Aujourd’hui, on privilégie une posture collaborative fondée sur la co-construction et la valorisation des compétences parentales.
C’est ce que nous faisons depuis 20 ans chez APCOMM lorsque nous proposons :
→ D’évaluer de façon bienveillante : en commençant par utiliser nos propres CPS, en repérant les forces du parent et les situations prioritaires (plutôt que souligner uniquement les « problèmes »).
→ D’aider à fixer des objectifs SMART en proposant des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporellement définis (ex. « d’ici notre prochaine rencontre, utiliser 3 fois une stratégie de pause lors d’un conflit »).
→ D’utiliser une pédagogie active par des jeux de rôle, feedback immédiat, répétition en situation réelle.
→ De modéliser et de co-réflechir : Nous encourageons le parent à réfléchir à ses réactions et à tester des alternatives.
→ D’insister sur l’intérêt des petits pas et le renforcement positif en introduisant progressivement des changements et en célébrant les succès.
→ De contextualiser nos suggestions aux besoins des familles : en adaptant les exemples et la langue aux valeurs familiales.
Et enfin de mesurer et suivre : en enregistrant les progrès avec des outils simples (journal, échelle de stress, fréquence d’utilisation d’une stratégie).
Il y en a de nombreuses et de nombreux. Voici un outil à proposer, avec une activité facile et un dialogue à appliquer afin de développer les compétences émotionnelles.
Enseigner la conscience émotionnelle (pour le parent & l’enfant)
Activité « boîte à émotions » : dessiner ou mettre des photos d’expressions, nommer l’émotion en un mot.
→ Dialogue parent : « Je vois que tu as le visage tout serré – j’ai l’impression que tu es en colère ? Peux-tu me montrer avec la main où tu le ressens ? »
But : augmenter le vocabulaire émotionnel et la capacité d’identifier une émotion avant qu’elle n’explose.
Notre formation « Développer vos compétences psychosociales » vous propose de multiples ressources afin de permettre aux parents des prises de conscience et des mises en pratique. Lors de café-parents, de groupe de parole, les outils proposés peuvent permettre la construction de stratégies familiales, de partage d’expériences profitables. Cette collaboration entre parents peut vraiment favoriser la motivation et éviter l’abandon si fréquent lorsque l’on ne se sent pas compétent.
– Nos rythmes de vie nous confrontent au manque de temps. Il nous faut donc viser des « micros pratiques », des « plus petits pas possibles » pour que cela soit viable.
– Les injonctions de la société sont telles, que beaucoup de parents doutent de leurs compétences. L’objectif n’est pas d’être « parfait », comme nous le disons souvent, mais d’être un parent « suffisamment bon », selon la formule de Winnicott.
– Nos propres histoires, ne nous ont pas toujours permis de développer ces fameuses compétences émotionnelles. Une éducation autoritaire, culpabilisante ou évitante ne nous a pas aidé. Il faudra donc prioriser l’auto-soin parental (et professionnel ?) en nous soutenant les uns les autres. Nous devrons probablement apprendre à demander de l’aide, à nous préserver, à nous pardonner et à déculpabiliser.
– Les apprentissages viendront contredire ce que l’on a pu apprendre, notre éducation ou nos valeurs. Il nous faudra alors adapter, s’adapter et changer notre regard.
– Enfin, nos enfants, ceux que nous accompagnons, ne vont pas sauter de joie avec ces nouvelles pratiques et il y aura, bien des fois, de la résistance. L’utilisation du petit pas, de la réparation lorsque cela a dérapé, facilitera la relation et la résilience.
Développer les CPS ne se limite pas à l’enfant, nous l’avons vu. C’est un projet collectif ! Il implique la famille, l’école, les institutions et la société.
Alors oui, développer les compétences psychosociales (CPS) d’un enfant passe presque inévitablement par l’accompagnement des parents : les parents fournissent le modèle, les routines et les opportunités d’apprentissage. Mais nous devons être vigilants et penser co-éducation, car nous n’avons pas tous reçu ce bagage à notre naissance et durant notre enfance. Un accompagnement structuré, non jugeant, centré sur des pratiques simples (conscience émotionnelle, régulation, communication, résolution de problèmes) et adapté au contexte familial, pourra produire des effets bénéfiques mesurables pour l’enfant et le parent.
APcomm propose une formation à destination des professionnels pour qu’ils puissent découvrir les CPS et les développer, en 4 modules.
Cette formation est disponible aussi bien pour les jeunes enfants, les enfants mais aussi les ados.
Le programme de la formation est accessible sur notre site :