Chaque année, c’est la même ritournelle : le printemps arrive, les journées s’étirent, et la lumière inonde les chambres jusqu’à pas d’heure. Tout le monde applaudit… sauf les parents. Eux savent. Eux redoutent.
Parce que ce que les autres appellent “l’heure d’été”, eux l’appellent “l’heure de trop”.
La mélatonine est une hormone produite naturellement par notre cerveau, plus précisément par la glande pinéale. Elle joue un rôle essentiel dans la régulation de notre rythme circadien – ce qu’on appelle communément “l’horloge interne”.
Et cette horloge… elle est photo-sensible.
Concrètement ?
La lumière inhibe la production de mélatonine. Plus il fait clair, plus le corps pense qu’il est encore l’heure d’être actif. Chez les enfants, dont le système neurobiologique est encore en plein développement, cette sensibilité est encore plus marquée.
Résultat : les enfants ne sont pas “contre” le coucher…Par contre, leur corps, lui, n’est pas prêt à dormir.
C’est là que le piège se referme. Face à un enfant excité, joyeux, parfois même rayonnant après une journée en plein air, le parent doute :
“Allez, on est en mai, profitons un peu.”
“Il sera bien fatigué demain, il dormira mieux.”
“C’est les beaux jours, faut pas être rigide.”
Et soyons honnêtes : ces phrases ne sont pas que pour les enfants. Elles viennent aussi justifier un besoin adulte de relâchement, après des mois de contraintes hivernales. Le souci ? L’enfant, lui, n’a pas encore les ressources d’autorégulation qu’on aimerait lui prêter.
Si on relâche de trop, l’enfant glisse doucement vers une fatigue chronique. Il se réveille difficilement, s’irrite plus vite, se concentre moins… et le cercle vicieux commence.
1. On reprogramme l’environnement
Rideaux occultants, lumières tamisées après le dîner, écrans éteints au moins une heure avant le coucher (oui, on sait, c’est dur). Il ne s’agit pas de contraindre, mais d’envoyer des signaux clairs au cerveau : la nuit approche, le calme arrive.
2. On garde la routine
Le rituel du soir, même s’il doit s’adapter à la saison, doit rester prévisible, stable, rassurant. Un enfant “prévenu” est un enfant plus disposé à coopérer.
3. On propose un vrai sas de décompression
C’est LE moment de bascule : Comment aider un enfant à passer du mode “dynamique” au mode “apaisé” ?
Deux idées d’activités simples et efficaces :
Le bocal à soucis :
On écrit (ou dessine) les petits tracas du jour, qu’on glisse dans un pot. On lui dit au revoir pour la nuit. Les pensées s’arrêtent là, symboliquement.
Le carnet de gratitude :
Trois petits moments positifs vécus dans la journée. Cela ancre le cerveau dans une dynamique de satisfaction… bien plus propice à l’endormissement que les ruminations du type “j’ai pas eu ma deuxième compote”.
4. On pense à nous
Un parent épuisé n’est pas un héros. C’est juste un parent épuisé (et souvent grincheux). Alors après avoir usé de notre énergie pour faire appliquer notre cadre, on s’offre un temps calme, un thé tiède ou un scroll-coupable sur Instagram – sans culpabilité justement.
“Je comprends que tu n’aies pas envie de dormir, mais ton corps, lui, en a besoin. Et moi aussi.”
Ça ne marchera peut-être pas du premier coup. Mais c’est mieux que “PARCE QUE C’EST COMME ÇA !”, non ?
Non, on ne peut pas “laisser veiller les enfants jusqu’à plus d’heure parce qu’il fait beau”.
En tout cas, pas si on veut qu’ils soient encore « fréquentables » le lendemain.
Alors si on tenait ce cadre pour les aider à grandir sereinement et parce que savoir dormir est un super pouvoir. Et comme tous les pouvoirs, il s’apprend.