Peut-on éviter la jalousie entre frères et sœurs ?

La jalousie est un instinct fondamental de la vie. Elle oblige l’enfant à sortir de l’illusion « je suis tout pour ma mère » et à se forger une raison d’exister au sein du monde. Bien qu’elle soit difficile à vivre, elle peut devenir un levier de croissance : elle pousse l’enfant vers plus d’autonomie, l’aidant à ne plus dépendre exclusivement de l’amour de ses parents.

Chercher à protéger son enfant à tout prix de la jalousie est non seulement impossible, mais aussi contre-productif. Cela revient à considérer qu’il est incapable de faire face à ses émotions — et donc, de grandir.

illustration de la jalousie entre frère et sœurs

À quel âge cesse-t-on d'être jaloux de ses frères et sœurs

La jalousie disparaît lorsque la peur de perdre sa place auprès de l’autre s’estompe… ce qui peut arriver à des âges très différents, voire jamais. Cela demande beaucoup de confiance en soi, d’acceptation de soi et de bienveillance envers soi-même.

Apprendre à accueillir la jalousie avec empathie permet, dans un premier temps, de ne plus la vivre avec culpabilité. Ensuite, cela aide à développer des comportements adaptés et acceptables pour mieux la gérer.

Le rôle (utile) de la jalousie

La jalousie n’est pas une émotion inutile ou malsaine : elle oriente notre énergie vers la protection de ce que nous valorisons (objets, relations, estime de soi, etc.).

Elle émerge dans la relation à l’autre, souvent par un va-et-vient émotionnel. Bien apprivoisée, elle devient un formidable outil de connaissance de soi. Elle nous aide à identifier nos besoins, nos insécurités, et peut même nous motiver à évoluer. Cependant, elle s’accompagne souvent d’émotions complexes comme la colère, la peur, la tristesse ou encore la honte.

Les bénéfices inattendus de la jalousie

1. Construire son identité

En se comparant à ses frères et sœurs, l’enfant découvre ce qui le rend unique. Ce processus de différenciation est essentiel pour forger sa propre personnalité.

2. Accepter la frustration

Devoir partager l’amour et l’attention des parents génère un sentiment de privation. Voir le parent s’occuper des autres active une forme d’éloignement perçu, source de frustration. Mais cette frustration est précieuse : elle pousse l’enfant à grandir, à accepter la séparation, et à réfléchir à son identité et à ses relations avec les autres.

3. Apprendre à vivre en société

La jalousie est une école de la vie. Elle prépare à affronter des conflits, à exprimer ses besoins, et à développer des compétences relationnelles utiles pour l’âge adulte.

deux enfants heureux

Pourquoi la jalousie est-elle si mal acceptée ?

Malgré ses apports, la jalousie reste une émotion difficile à accueillir, surtout pour les parents.

  • Une douleur parentale : Voir ses enfants ne pas s’aimer est une souffrance. Cela crée une dissonance avec l’image idéale de la famille et peut remettre en question leur rôle éducatif.
  • Une émotion socialement condamnée : La société nous a inculqué que la jalousie est une émotion honteuse, à bannir. Pourtant, cette vision moraliste nie une part essentielle de notre humanité.
  • Des réactions parfois violentes : La jalousie s’exprime souvent par des comportements inacceptables (insultes, coups…). Cela active chez l’adulte des émotions intenses — colère, peur, honte — qui brouillent la relation avec l’enfant. Plutôt que de chercher à comprendre ce qu’il vit, on se replie sur nos propres ressentis.

Conclusion

La jalousie, loin d’être une ennemie, peut devenir une alliée. Elle révèle des besoins, questionne l’identité et ouvre la voie à une meilleure compréhension de soi et des autres. L’enjeu n’est pas de l’éliminer, mais d’apprendre à l’écouter et à la transformer.

APcomm a développé une formation permettant d’accompagner des parents sur thématique de la jalousie mais aussi des disputes. Les parents prennent conscience des outils de communication qui génère de la jalousie ou au contraire permettent de mieux y faire face.