Les tout-petits et les émotions

Quand un tout petit hurle ou pleure sans que rien ne le console, sans que nous sachions pourquoi, nous sommes souvent bien démunis. Les émotions fortes sont souvent difficiles à vivre et peuvent générer de l’irritation chez nous parents par contagion émotionnelle.

Un enfant qui stress

Mais qu'est-ce qu'une émotion ?

Une émotion, c’est un réflexe de survie, un signal qui indique à notre cerveau qu’il se passe quelque chose et que nous devons réagir. C’est la combinaison d’une réaction biologique qui se manifeste par une sensation physique et qui génère un comportement. Elles nous permettent également de communiquer avec les autres et de nous motiver. Bref, elles sont indispensables.

Et pourquoi sont-elles si fortes chez les tout-petits ?

Chez les tout-petits, elles sont intenses, il n’y a pas de filtre. Et c’est tout à fait normal car avant 8 ans (soyons large) la partie de notre cerveau qui nous permet de réguler les émotions, le cortex préfrontal (la zone située juste derrière notre front) n’est pas encore assez développé pour pouvoir le faire. Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas, c’est qu’ils ne peuvent pas les contrôler. Ils subissent encore plus que nous cet état de débordement et ressortent épuisés par ces tsunamis émotionnels. Les pleurs ou les colères sont leur seul moyen d’exprimer leur mal-être lorsqu’ils sont bébés, ou une frustration lorsqu’ils commencent à gagner en autonomie mais n’arrivent pas toujours à leurs fins. Les pleurs et les colères sont aussi, pour eux, le seul moyen de demander de l’assistance : la nôtre bien sûr.

Les jeunes enfants ont donc besoin de temps et d’accompagnement pour apprendre à réguler ces émotions débordantes. Ils ont besoin de temps pour apprendre à gérer l’attente et la frustration. Ces stratégies de régulation vont s’acquérir progressivement, et en grande partie en observant l’entourage.

C'est la que nous entrons en jeu...

trois adultes alignés

Oui, nous, les adultes. 

Tout d’abord en s’occupant de nos propres émotions. Apprenons à les reconnaître, à les apprivoiser, les accepter. Et n’hésitons pas à le faire devant nos enfants. Expliquons ce que nous ressentons et nos stratégies pour les réguler, pour faire baisser leur intensité.

Nous pouvons aussi agir en changeant notre regard et nos croyances. Les colères font partie du développement de l’enfant. Elles ne sont pas dirigées contre nous. Et les enfants ne cherchent pas à nous manipuler lorsqu’ils explosent. Cela demanderait de la planification… et c’est notre cortex préfrontal qui nous permet de le faire. Rappelez-vous, cette partie du cerveau du tout-petit n’est pas encore opérationnelle.

Et ensuite ?

Oui, attendre que l’orage passe. Lorsque la colère est redescendue, n’hésitons pas à lui poser des mots sur ces émotions et ces ressentis, tout en maintenant le cadre : « c’était un moment vraiment difficile ». Nous pouvons lui indiquer, lorsque le calme est revenu, comment il pourrait faire la prochaine fois, et lui donner des astuces en lui disant « peut-être que cela marchera aussi pour toi ».

Par contre, il ne faudra pas s’attendre à ce qu’il le fasse. Enfin… pas tout de suite. Il lui faudra sans doute s’entrainer de nombreuses fois avant d’arriver à réguler. Cela viendra peu à peu et d’autant plus vite si nous ne stigmatisons pas ces évènements et que nous accueillons ces émotions avec empathie : « oui, cela prend du temps d’arriver à faire quelque chose ».

Et les pleurs ?

Quant aux pleurs, surtout ceux des bébés, bien qu’ils servent à nous indiquer que notre enfant à besoin de nous, ils peuvent également être tellement stressants que nous pourrions devenir violents et les secouer. Que faire ? Reposer notre enfant dans son lit et sortir. Déléguer si c’est possible. Et pourquoi pas mettre un casque antibruit pour atténuer le stress.

Il y a des enfants qui régulent tôt leurs émotions alors pourquoi pas le mien ?

Cela dépend de tant de facteurs. Peut-être sommes-nous anxieux et transmettons cette anxiété à notre enfant ? Peut-être parce qu’il a un tempérament plus réactif ? Certains enfants sont effectivement moins tolérants à la frustration, ils ont plus de mal à s’autoréguler. Dans tous les cas, c’est, là encore, en montrant l’exemple que peu à peu notre enfant y arrivera. Sans oublier les câlins, les massages, producteurs d’ocytocine et réducteurs de stress.


Et pourquoi est-ce important d’apprendre à nos enfants à réguler leurs émotions ? Car c’est un gage de réussite pour leur vie future. La recherche montre que ceux qui réussissent dans « la vie » sont ceux qui savent réguler rapidement leurs émotions et prendre ainsi de bonnes décisions. Mais c’est aussi le gage d’une vie sociale équilibrée. Le vive ensemble est un enjeu de taille pour les années à venir.


Cela fait 20 ans que nos ateliers APCOMM permettent aux parents et aux professionnels de prendre soin d’eux-mêmes pour prendre soin des autres. Nos formations à l’accompagnement parental offrent des informations scientifiques et de précieux outils pour apprivoiser nos émotions et mieux vivre cette période si intense de la petite enfance.