Imaginez la scène : votre enfant de deux ans pique une crise monumentale au supermarché. Vous dégainez votre téléphone, mettez un dessin animé et, miracle ! Silence absolu. L’écran, ce sauveur du quotidien… ou ce faux ami ?
Faut-il diaboliser les écrans ou apprendre à les apprivoiser ? Comment poser un cadre sans hurler, culpabiliser ni finir soi-même scotché au téléphone pour oublier la frustration ?
Avant 6 ans, le cerveau de l’enfant est en pleine construction. Il a besoin d’expériences réelles, de toucher, de bouger, d’interagir avec des humains pour bâtir ses connexions neuronales. Or, l’écran est un objet figé : il stimule l’œil, mais très peu le reste du corps.
Les recherches montrent que trop d’écran, trop tôt, peut impacter :
❌ Le langage : un enfant a besoin d’entendre des adultes parler avec lui, pas seulement devant lui.
❌ L’attention : les images ultra-rapides rendent le cerveau moins apte à se concentrer sur des activités plus lentes comme écouter une histoire.
❌ Le sommeil : la lumière bleue des écrans perturbe la production de mélatonine et retarde l’endormissement.
L’OMS (organisation mondiale de la santé) est catégorique :
⏳ Avant 2 ans : zéro écran (oui, même les comptines YouTube “éducatives”).
⏳ Entre 2 et 5 ans : maximum une heure par jour, et de préférence du contenu interactif et accompagné par un adulte.
Car c’est ce que confirment les études aujourd’hui : si l’écran est partagé avec un adulte, qu’ils le regardent ensemble et peuvent en discuter, les effets négatifs sont gommés.
Soyons honnêtes : l’écran est souvent utilisé comme une solution miracle pour calmer un enfant fatigué, impatient ou en pleine crise. C’est rapide, efficace et… totalement compréhensible. Qui n’a jamais sorti son téléphone en voiture ou au restaurant pour avoir cinq minutes de répit ?
🚨 Le problème : plus un enfant associe écran et apaisement, plus il aura du mal à gérer ses émotions autrement. Et plus il demandera ce fameux objet.
💡 Que faire à la place ?
✔ Anticiper : emporter un petit sac avec des jouets, un livre, des autocollants.
✔ Proposer une alternative sensorielle : une boîte avec un objet à toucher, un petit jeu de doigts (“tap-tap” sur les genoux).
✔ Verbaliser : “Je vois que tu es fatigué. Respire avec moi.”
✔ Câliner : l’écran ne remplacera jamais les bras de papa ou maman quand l’enfant a un gros chagrin. Et les bras peuvent aussi entourer l’enfant lorsqu’il est furieux. En effet, sentir physiquement la présence rassurante et solide de l’adulte permet à l’enfant d’apaiser son émotion.
Est-ce plus fatigant que de tendre un téléphone ? Oui, au début. Mais c’est un investissement sur le long terme pour éviter qu’il ne réclame toujours un écran dès qu’il est frustré.
Les tablettes et vidéos éducatives vendent du rêve aux parents : apprentissage des couleurs, des chiffres, de l’anglais… On imagine déjà son enfant bilingue à 4 ans.
🔎 Réalité scientifique : avant 5-6 ans, un enfant apprend bien mieux dans l’interaction avec un humain que devant un écran.
💡 L’étude menée par Linebarger & Walker (2005) a montré que des enfants de 3 ans ayant regardé une vidéo pour apprendre un mot nouveau n’avaient pas retenu ce mot… sauf si un adulte était là pour leur expliquer.
📺 Les écrans éducatifs, oui, mais sous conditions :
✔ Avec un adulte qui commente, pose des questions.
✔ En choisissant des programmes adaptés et courts
✔ En gardant en tête que rien ne remplace un vrai échange humain.
📌 Règles simples et adaptées à l’âge :
❌ Pas d’écran avant 2 ans. Nous savons que c’est difficile de s’y tenir. Pourtant plus tard l’enfant découvre les écrans, moins vous aurez à gérer cette galère.
❌ Pas d’écran pendant les repas ou avant de dormir.
✅ Des temps définis : “Tu peux regarder un épisode après le goûter.”
✅ Un contenu adapté et interactif.
📌 Accompagner plutôt qu’interdire :
👀 Regarder ensemble et poser des questions : “Que fait ce personnage ?”
🧸 Proposer des alternatives ludiques : jeux de société, musique, bricolage.
📱 Donner l’exemple : difficile de dire “pas d’écran” si le parent scrolle toute la journée !
Pour résumer, les écrans ne sont pas “interdits” mais doivent être utilisés intelligemment. Plutôt qu’un “NON” absolu, pensons en termes de quand, comment et combien. Un cadre clair, des alternatives concrètes et de l’accompagnement suffisent souvent à éviter la surconsommation.