Comment accompagner un enfant qui refuse de manger en collectivité ?

« Encore un enfant qui chipote ! » C’est une réflexion qu’on peut être tenté de se faire quand un enfant refuse de manger. Et pourtant, ce n’est peut-être pas si simple.

En effet, un enfant qui refuse de manger n’est pas forcément en train de tester notre patience ni d’imposer sa loi à la tablée. Il exprime peut-être – de la seule manière qu’il connaisse – une émotion primaire : le dégoût.

Eh oui. Le dégoût, au même titre que la peur ou la colère, fait partie des six émotions fondamentales présentes dès la naissance. Il joue un rôle vital : nous protéger des dangers, en particulier alimentaires. D’ailleurs, les femmes enceintes connaissent bien ce phénomène – elles le vivent parfois de manière exacerbée, et ce n’est pas un bug de la nature, c’est une forme d’auto-protection contre les intoxications.

Un enfant qui ne veux pas manger

Le dégoût chez les tout-petits : entre instinct, apprentissage et culture

Mais attention, ce n’est pas qu’une réaction réflexe à une odeur suspecte. Le dégoût est aussi un puissant vecteur de construction de soi. Il marque les limites : ce que je rejette, ce que je ne veux pas en moi, ce que je trouve inacceptable. D’ailleurs, il peut être aussi bien physique que moral. C’est une émotion à forte charge symbolique.

Et ça commence tôt. Très tôt.

Dès la diversification, les enfants montrent des réactions très contrastées :

  • Certains se ruent sur la purée de brocolis (si, si, ça existe).
  • D’autres bloquent net à la première cuillère de courge, visage crispé, bras croisés.

Rassurez-vous : tout cela est normal. Universel même. Tous les bébés ont une préférence innée pour le sucré (besoin d’énergie) et un rejet instinctif de l’amer ou de l’acide (risque d’empoisonnement par les plantes). Et à cela s’ajoute leur sensibilité individuelle aux textures, aux odeurs, à la température des aliments… un vrai cocktail sensoriel.

Et parlons de la néophobie alimentaire

Vers 2 ans, c’est l’entrée dans la célèbre phase du « NON ». Traduction à table :

  • « NON je ne veux pas goûter »
  • « NON je ne veux plus de carottes »
  • « NON je ne mange que des pâtes avec du gruyère »

C’est la néophobie alimentaire, un passage obligé du développement.
 Elle culmine entre 3 et 4 ans, puis s’atténue après 8 ans.
⚠️ Mauvaise nouvelle : c’est pile l’âge de la crèche et des premières frustrations côté pros.

Mais ce refus n’est pas un affront. C’est un besoin de contrôle, un « c’est moi qui décide » qui fait pleinement partie de leur construction psychique.

Alors face à cela, on fait quoi en crèche ?

Un enfant qui réfléchit

Voici quelques idées pour les accompagner sans (trop) s’arracher les cheveux :

  1. Accueillir l’émotion, ne pas forcer.
    Non, il n’est pas capricieux. Oui, il peut être écœuré. Évitons de banaliser ou ridiculiser cette réaction.
  2. Répéter sans pression.
    Un aliment peut être proposé 10 à 15 fois avant d’être accepté. Il ne s’agit pas de le servir en boucle, mais d’exposer sans contraindre. Un légume peut être vu, touché, senti… sans forcément être mangé.
  3. Créer un climat de curiosité.
    Jouer, inventer des noms rigolos : “Voici Monsieur Petit Pois en robe de navet”. L’enfant apprivoise mieux ce qui lui paraît familier et amusant.
  4. Individualiser l’accueil.
    Un enfant hyper sensible aux odeurs ne pourra pas manger à côté du poisson du jour. Un autre aura besoin de calme pendant le repas. Un troisième d’être avec son copain pour oser goûter. À chacun sa voie.

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         –  Les émotions fondamentales (dont le dégoût),

             –    Le développement du cerveau du tout-petit,

             –    L’écoute active et la posture de l’adulte,

            –    La question de l’alimentation, des blocages, des refus… et des outils concrets pour accompagner sans forcer.

Parce que savoir parler ne veut pas dire savoir communiquer… surtout quand on est face à un tout-petit avec une cuillère pleine de purée de carotte dans la main.

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