L’agressivité chez les enfants et les adolescents est un sujet délicat qui soulève souvent des inquiétudes chez les parents. La frontière entre agressivité et violence est fine, mais importante à distinguer pour mieux comprendre ces comportements et savoir comment y réagir. Cet article vise à clarifier ces notions et à proposer des pistes pour gérer ces situations de manière bienveillante et éducative.
La confusion entre agressivité et violence est fréquente, mais il est crucial de comprendre que ces termes ont des significations distinctes. L’agressivité est une réponse instinctive, souvent une réaction de défense face à une menace perçue. Elle se manifeste de façon spontanée et n’implique pas nécessairement une volonté de nuire. En effet, étymologiquement, le terme « agressivité » vient du latin *adgressere*, signifiant « aller vers », ce qui indique un besoin de contact ou d’interaction. C’est un comportement naturel et parfois nécessaire pour la survie, que l’on observe dans toute forme de vie, de la plante à l’humain.
En revanche, la violence, dont le mot dérive de *violare*, implique une intention de dominer ou de blesser. Elle est préméditée et s’accompagne souvent de réflexion et de calcul. Il est donc essentiel de ne pas confondre les disputes spontanées entre enfants avec des actes de violence, qui sont beaucoup plus graves et nécessitent une intervention différente.
L’agressivité physique est particulièrement courante chez les jeunes enfants. Des études, telles que celles menées par Richard Tremblay au Québec, montrent que la petite enfance, notamment autour de deux ou trois ans, est la période la plus agressive de l’enfance. Les gestes tels que mordre, pousser ou frapper sont souvent des réponses impulsives, non préméditées, et les enfants n’ont pas encore conscience de la douleur qu’ils peuvent infliger aux autres (voir l’excellent livre : l’aggressivité de 0 à 5 ans, ).
Ces comportements sont essentiellement exploratoires et liés au développement du cerveau, qui ne permet pas encore un contrôle total des pulsions ou des comportements. Il a donc besoin d’adultes pour lui expliquer avec fermeté mais douceur que ces comportements ne sont pas permis, tout en lui offrant des alternatives comme la parole ou la négociation. L’enfant apprend à travers ces gestes les limites de ce qui est acceptable socialement ou pas. C’est tout l’enjeu de l’éducation : nous apprendre à réguler peu à peu cette agressivité et à respecter les codes sociaux.
Mais si l’agressivité physique diminue peu à peu à partir de 4/ 5 ans, elle ne disparait jamais complément. Elle prend d’ailleurs plutôt une autre forme, l’agressivité verbale.
Face à l’agressivité, qu’elle soit chez l’enfant ou chez l’adolescent, il est important de ne pas répondre par la violence ou par des sanctions sévères qui ne feront qu’amplifier le sentiment d’injustice et d’incompréhension. L’adulte doit poser des limites claires tout en encourageant l’expression des émotions par la parole. Il est également crucial de donner l’exemple en adoptant soi-même des comportements calmes et respectueux. S’il est normal que l’enfant ou l’ado soient parfois submergés, l’adulte se doit de conserver un calme relatif et de marquer clairement la limite. Avec un ado, tant que celui-ci se montre agressif, il sera souvent nécessaire de stopper l’échange et d’empêcher une escalade dans les propos. Lui dire « Je n’accepte pas tes propos et nous allons arrêter là la discussion avant de nous dire des choses regrettables » est un signe d’autorité.
De plus, il faut distinguer les gestes impulsifs, souvent révélateurs d’un malaise ou d’une frustration non exprimée, des comportements intentionnellement violents. Toute violence doit faire l’objet d’une condamnation ferme et immédiate de la part de l’adulte.
Avec l’adolescence, l’agressivité évolue. Alors que l’agressivité physique tend à diminuer, l’agressivité verbale prend le relais. L’adolescent, en pleine période de bouleversements émotionnels et hormonaux, maîtrise mal ses impulsions et peut avoir des comportements plus fréquents d’irritabilité ou d’insultes. Les conflits familiaux, les tensions à l’école ou dans les relations amicales peuvent exacerber ces réactions. Il est essentiel de comprendre que l’agressivité des adolescents n’est souvent qu’une manifestation temporaire du besoin de s’affirmer et de trouver sa place. Il peut se laisser entrainer malgré lui par son impulsivité.
L’agressivité fait partie intégrante du développement de l’enfant et de l’adolescent. Bien gérée, elle peut devenir une opportunité d’apprentissage et de socialisation. Il s’agit pour les parents de guider leurs enfants avec empathie, tout en posant des limites fermes mais justes, pour les aider à traverser ces périodes de turbulences émotionnelles.