Comment mieux gérer la frustration quand on limite les écrans (sans jeter la tablette  ou le téléphone par la fenêtre)

Ah, les écrans… Ces petits rectangles lumineux capables d’hypnotiser un enfant (ou un adulte…) plus vite qu’un magicien avec ses tours !

Les recommandations scientifiques sont claires. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS, 2019) et l’Académie Américaine de Pédiatrie (AAP, 2016) rappellent qu’un usage excessif peut impacter le sommeil, la concentration et même la santé physique. Alors, quand on décide de limiter les écrans à la maison, on se heurte rapidement à une invitée peu agréable : la frustration.

Et soyons honnêtes, la frustration ne touche pas seulement les enfants… mais aussi les parents. On se surprend parfois à rêver d’un bouton « mise en veille » sur notre progéniture ou sur nous mêmes.

Comprendre la frustration (et pourquoi elle nous dérange autant que le voisin qui fait du karaoké à 3 heures du mat…)

La frustration est une émotion normale qui naît quand un désir n’est pas satisfait. Chez l’enfant, elle peut ressembler à une éruption volcanique ; chez l’adulte, plutôt à un grognement intérieur accompagné d’un « mais pourquoi j’ai eu cette idée de limiter les écrans déjà ? ».

Les neurosciences nous disent que cette réaction est liée au système de récompense du cerveau, notamment la dopamine. Les écrans, avec leurs couleurs vives et leurs récompenses instantanées (le fameux « encore un épisode »), agissent un peu comme des chips : plus on en prend, plus on en veut. Limiter les écrans, c’est dire à un cerveau habitué : « pas de dessert aujourd’hui » (Kühn & Gallinat, 2015). Résultat : éruption volcanique garantie.

Voici quelques stratégies (scientifiques ET pratico-pratiques) pour gérer la frustration

- Tout d’abord, nommer l’émotion

On ne le dira jamais assez, accueillir l’émotion d’un enfant : « Je comprends que tu sois frustré » active le cortex préfrontal, cette partie du cerveau qui régule les émotions. C’est un peu comme offrir des lunettes de soleil à quelqu’un qui se plaint du soleil : ça n’éteint pas le soleil, mais ça aide à mieux le supporter (Siegel & Bryson, 2011). Et surtout cela permet à notre enfant d’apprendre à réguler la frustration. Tout bénéf pour le long terme.

- Ensuite, proposer une alternative réaliste

Non, remplacer un dessin animé ou un jeu par une partie de Monopoly ou de bazar bizarre n’est pas forcément la meilleure idée si nous tenons à notre santé mentale. Mais proposer une activité courte, engageante et choisie ensemble (« tu veux dessiner ou faire une mini-bataille de coussins ? ») permet de détourner l’attention sans passer pour un dictateur domestique.

- Le pouvoir du « oui, dès que », du « oui quand », du « oui lorsque »

Plutôt que de dire « non, pas d’écran », essayons le « oui,  » :

     – « Oui, tu peux regarder un dessin animé… une fois par semaine comme nous l’avons fixé sur le planning. » (on est d’accord, pour certains d’entre nous, c’est la limite très longue !!!)

     – « Oui, tu peux jouer… lorsque nous aurons dîner.»

Ce petit « oui » apaise l’ego, tout en gardant le contrôle, ou en tout cas, tout en apprenant à le garder (Kazdin, 2008)

- Enfin, réguler notre propre frustration (spoiler : c’est la partie la plus dure !)

Car soyons clairs : si nous sommes tendus, l’enfant le sent et réagit au quart de tour. Les études sur la régulation émotionnelle (Gross, 2015) montrent que la respiration profonde, la mise en retrait quelques secondes ou même l’autodérision (« on dirait que tu es en grève des câlins ? ») peuvent réduire le niveau de tension.

Rire de la situation (pour éviter les bombes atomiques)

La psychologie du bien-être rappelle que l’humour ou l’auto-dérision sont des stratégies efficace pour désamorcer les conflits. Donc, la prochaine fois que notre enfant hurle « mais tout le monde a le droit sauf moi », pourquoi ne pas répondre :

     – « Exact, sauf les pandas, et tu sais quoi ? Ils survivent très bien sans tablette. »

     – « Mais moi aussi, je voulais passer du temps à scroller mais mes neurones m’ont dit que ça n’était plus possible et qu’il fallait que je fasse une pause  »

Cela ne marchera pas toujours, mais au moins, nous nous ferons rire nous-même. Et, surtout, cela détendra l’atmosphère.

Sur le long terme : transformer la frustration en apprentissage

Limiter les écrans, c’est aussi donner aux enfants l’occasion d’apprendre la patience, la tolérance à la frustration et la créativité. C’est un peu comme les légumes : ils ne les adorent pas sur le moment, mais à long terme, ça construit des adultes plus solides. Les recherches montrent que la capacité à tolérer la frustration dans l’enfance est corrélée à la réussite scolaire, à de bonnes relations sociales et même à la santé mentale (Mischel et al., 2011). Et bonne nouvelle ! Cela s’apprend mais nous allons devoir mettre la main à la pâte et parfois (souvent ?)  travailler sur notre propre frustration.

Conclusion

Gérer la frustration liée à la réduction des écrans, c’est accepter un peu de chaos, de cris et de négociations dignes d’un sommet de l’ONU. Mais en combinant empathie, humour et quelques astuces scientifiques, on peut transformer cette bataille quotidienne en apprentissage… pour l’enfant et pour le parent.

Et si jamais cela devient trop intense… respirons, rappelons-nous que nous sommes les adultes, et répétons ce mantra : « Ce n’est qu’un écran, pas une question de vie ou de mort. » ou encore « Je travaille à la construction de son cortex préfrontal »

 

Prêt ? Alors let’s go et que la Force soit avec nous !

Un enfant qui réfléchit

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