Comment accompagner un jeune enfant surexposé aux écrans ?

1. C'est quoi exactement, la surexposition aux écrans ?

Des enfants sur leurs écrans

On parle de surexposition quand un tout-petit (moins de 6 ans) est régulièrement exposé à des écrans (TV, tablette, smartphone…) plusieurs heures par jour, souvent sans cadre, ni interaction humaine. Selon les études, une enfant de 2 ans passe 1h/jour devant un écran. C’est déjà beaucoup mais on ne parlera pas de surexposition. Le changement de registre intervient à partir de 4 ou 5 heures/jour : on parle alors de ce que les professionnels appellent le syndrome d’exposition précoce aux écrans.

Les effets ?

La surexposition aux écrans interfère avec les besoins fondamentaux du tout-petit et provoque :

🔹 Retard de langage (parce que Dora, même bilingue, ne remplace pas une vraie conversation).

🔹 Troubles de l’attention (passer de Baby Shark à Pat’Patrouille en 0,3 secondes, ça n’aide pas à se concentrer). Une maman sur quatre déclare qu’elle utilise son portable pendant les temps d’échange avec son bébé et que ça modifie la qualité des échanges visuels

🔹 Troubles de la motricité fine et de la coordination Une étude française dirigée par Anne-Lise Ducanda (2017) a observé chez des enfants surexposés aux écrans une régression des compétences de manipulation : ils ne savaient plus tourner une clé, faire des puzzles simples ou empiler des cubes. Cela montre un déficit de l’intelligence pratique, directement liée aux manipulations d’objets concrets.

🔹 Agitation, repli, maladresses gestuelles, voire comportements évoquant à tort des troubles du spectre autistique.

🔹 Désintérêt pour les jeux relationnels (jouer à faire semblant d’être papa ou maman ? Non merci, l’écran est plus prévisible).

Ce phénomène de surexposition inquiète – à juste titre – les parents et les professionnels.

2. Que faire ?

🧠 Bonne nouvelle : « Oui, on peut revenir à la normale »

 

Les enfants ne sont pas des machines cassées par les écrans, Leur cerveau est plastique. Cela signifie qu’il est malléable, et encore plus avant 6 ans. En supprimant ou en limitant fortement les écrans, les progrès peuvent être spectaculaires :

 

« Il s’est remis à parler »,
« Il sourit à nouveau »,
« Il rejoue avec ses cubes »…


Des phrases entendues dans bien des cabinets de professionnels formés chez APcomm.

Concrètement on propose quoi aux parents ?

👉 Observer sans culpabiliser : l’objectif n’est pas de les pointer du doigt, mais de les aider à comprendre.

 

👉 Redonner la priorité aux besoins essentiels de leur enfant :

 

✳️ Le regard

– Un bébé grandit dans le regard de l’adulte. Ces échanges doivent être nombreux car ce sont eux qui permettent au bébé de développer sa capacité d’attention volontaire (différent de l’attention réflexe générée par l’écran)

– L’échange yeux dans les yeux est une réponse adaptée, sécure, intense et qui participe à l’attachement.

 

✳️ La parole

Un écran ne parle pas en « mamalangue » (cette manière intuitive qu’a un adulte de parler au bébé). C’est pourtant essentiel pour l’enfant développe son langage.

En plus, les neurones miroirs dans nos zones motrices font que lorsque l’on parle, l’autre a envie de parler. Comme quand on voit quelqu’un bailler. Devant l’écran, ces neurones miroirs ne s’activent pas sauf si le parent est à côté et répète les mots.

 

✳️ La manipulation d’objets en 3D

Manipuler est essentiel. Un écran plat n’a ni pâte à modeler, ni odeur de sable mouillé. Or sans manipulation, pas de développement sensorimoteur harmonieux. C’est aussi l’accès au 3D qui va lui permettre de développer sa vision en relief. Il pourra ainsi estimer les distances, coordonner sa main et son œil dans l’espace, construire son repère corporel. Avec les écrans, rappelons nous que les images sont « plates » sans perspective réelle.

 

✳️ Le mouvement, le moteur du développement.

De 0 à 3 ans, l’enfant explore le monde avec son corps.
Bouger stimule :

– la coordination motrice (marcher, sauter, ramper…)

– la régulation émotionnelle (par l’activité physique)

– les connexions neuronales (neuroplasticité)

 

Une étude publiée dans Frontiers in Psychology (2018) a montré que le mouvement physique stimule les fonctions exécutives (attention, mémoire de travail, inhibition), toutes nécessaires pour les futurs apprentissages scolaires.

Sac de mary poppins

Un outil qui fait plait aux parents : le sac de Mary Poppins

 

Plutôt que de dégainer le smartphone dans la salle d’attente, on encourage les parents à préparer un sac d’objets attrayants :
🧸 un doudou,
🎶 une petite boîte à musique,
📦 quelques cubes,
🐒 une peluche préférée,
🧩 un petit puzzle…
Bref, tout ce qui peut occuper, rassurer et reconnecter.

En conclusion

Non, les écrans ne sont pas le mal absolu. Mais pour un enfant de moins de 6 ans, ils sont souvent un faux ami. Le vrai besoin, c’est l’adulte. En chair, en os, en voix, en regard, et parfois… avec une girafe Sophie dans la poche.

 


 

Vous voulez aller plus loin, être formé sur toutes les tranches d’âge

 

APcomm propose une formation à destination des professionnels pour qu’ils puissent accompagner les parents sur la question des écrans.
On y parle des jeunes enfants, des enfants mais aussi des ados.

 

Le programme de la formation est accessible sur notre site : https://apcomm.fr/formation-accompagner-les-parents-sur-la-question-des-ecrans/

 

Prochaine session de 3 jours en présentiel (St Maur des Fossés – proche Paris) : 24-25-26 novembre 2025 et 2/3/4 février 2026