Nous nous demandons souvent pourquoi l’autorité semble si compliquée alors que ça semblait si simple pour nos parents.
Dans cet article, nous allons plonger dans l’histoire de l’autorité pour découvrir l’origine de la confusion de notre génération.
Le passage de la toute-puissance paternelle, ancrée dans nos sociétés pendant des siècles, à une autorité parentale partagée a nécessité une évolution de plusieurs siècles.
Longtemps définie par un droit quasi-divin du père, cette conception de l’autorité familiale a subi un premier changement majeur en France avec l’arrivée du Code civil en 1804, qui imposait des limites à cette toute-puissance paternelle et qui était un premier pas vers la reconnaissance de l’enfant en tant que personne. En effet, le code civil interdisait ENFIN au père le droit de tuer ou de violer son enfant. Ça fait froid dans le dos… de se réjouir d’une si petite avancée. Mais c’est ainsi que nous sommes passés de la toute-puissance paternelle à l’autorité paternelle. Pourtant, il faudra attendre encore de nombreux siècles pour que la mère se voit elle aussi reconnaitre dans son autorité. En effet, en France, c’est en 1970 que nous parlerons d’autorité parentale conjointe, reconnaissant ainsi aux deux parents des droits et des responsabilités égaux. Il y a seulement 54 ans !! c’est très peu au regard des siècles précédents et une vision très paternaliste.
Cette évolution de l’autorité s’est accompagnée d’un changement parallèle dans la perception de l’enfant : d’une créature à dresser, il est devenu un individu à éduquer et à respecter, une transition influencée notamment par les travaux de figures telle que Françoise Dolto. Le rôle de parent change alors de façon fondamentale.
La loi de mars 2002 va encore modifier le rôle parental et va établir des critères précis permettant à la justice de décider si les parents sont en capacité d’exercer cette autorité qui leur confère des droits mais aussi des devoirs envers leur enfant. Lui offrent-ils la sécurité, le bien-être psychologique, l’affection qui sont nécessaire à son développement ?
Enfin, il reste très saisissant de réaliser que le terme “parentalité” a fait son apparition dans le dictionnaire français seulement en 1982.
Et finalement aujourd’hui, quel est notre modèle ? quelle autorité reste encore comme une référence dans nos mémoires collectives ? Soyons honnêtes ; c’est encore pour beaucoup le modèle de l’autorité paternelle, qui visait à se faire obéir par l’enfant. Car en effet, quelques décennies de parentalité partagée ne font pas le poids face à des siècles de pratiques d’autorité paternelle. Nous sommes encore en pleine évolution de la notion d’autorité dans nos familles.
Ce modèle de l’autorité paternelle qui avait pour avantage d’être lisible est de plus en plus dénoncé comme de l’autoritarisme. Cette vision de l’autorité très stricte s’appuie sur une relation dominant-dominé. L’autoritarisme est basé sur l’obéissance immédiate et c’est souvent la peur qui oblige l’enfant à agir conformément aux désirs du parent.
Nous connaissons aujourd’hui certaines des dérives de ce système :
L’enfant ne construit pas son estime de lui-même puisqu’il agit en fonction de l’autre. Il perd sa capacité d’initiative et de réflexion en se plaçant dans les mains de l’adulte.
L’enfant développe un esprit de vengeance car c’est la seule réponse qui est en son pouvoir.
L’enfant est un adepte du proverbe « quand le chat n’est pas là, les souris dansent ».
Finalement, il ne voit dans les règles qu’un obstacle à sa liberté et ne pense qu’à les transgresser. À aucun moment il intègre que ces règles sont là pour le protéger.
Nous sommes nombreux d’ailleurs à avoir été élevés à partir de ce modèle. Regardons notre attitude sur les routes : nous freinons devant le radar et accélérons au-delà de la limitation dès qu’il ne peut plus nous capter.
Alors que si nous avions intégré que le code de la route nous assure la liberté de circulation et garantie notre sécurité, nous pourrions nous y conformer plus volontiers. En effet, sans code, ce serait le chaos et nous traverserions chaque carrefour avec la boule au ventre.
Aujourd’hui, l’autorité parentale cherche d’autres voies et souhaite permettre à l’enfant d’intégrer les règles pour qu’il puisse vivre dans la société tout en gardant sa part d’initiative et de liberté.
La difficulté, c’est que nous n’avons pas de modèle précis. Nous tâtonnons pour le construire, en essayant de faire parfois la synthèse de plusieurs modèles.
Nos générations se sont montrées parfois trop permissives, imaginant qu’il suffisait d’expliquer à l’enfant pour qu’il accepte et suive nos demandes.
Aujourd’hui les neurosciences nous permettent de savoir que le cerveau de l’enfant n’est pas assez mature pour prendre en charge l’auto-discipline et ce, encore pendant de nombreuses années 😭 Nous savons qu’il a besoin de nous les adultes pour lui fixer les règles et lui apprendre que chaque acte, chaque parole a une conséquence, qu’elle soit positive ou négative.
Alors quel est ce modèle idéal ? Disons-le franchement, il est encore en construction et va continuer à évoluer ! Soyons donc indulgent avec nos balbutiements.
Certes, il y a 100 ans, les parents ne se posaient pas toutes ces questions. Tout semblait plus simple. Mais nos sociétés étaient aussi fondamentalement différentes, avec des normes très précises et strictes.
Aujourd’hui, nous parents, nous voulons que nos enfants soient épanouis et heureux. Nous nous sommes mis la barre haute… peut-être un peu trop mais c’est un autre débat. En tout cas, ce changement d’objectif nous oblige à changer de modèle.
Fini l’autoritarisme, voici venu le temps de l’autorité parentale bienveillante (qui veille au bien) et cadrante (qui assure la sécurité).
Autour de vous parents, de nombreuses informations circulent. A laquelle se fier ? Entre les défenseurs de la parentalité positive ou les détracteurs ? Sans parler que nous avons toujours un frère ou un cousin adepte de l’autoritarisme pour nous prouver qu’avec la peur on arrive à avoir des enfants qui rentrent dans le moule.
Alors finalement la grande question est : sommes-nous prêt à oser inventer une nouvelle autorité et permettre à nos enfants de construire leur propre moule tout en respectant le vivre-ensemble ?
Chez APcomm, c’est une question qui nous anime au quotidien. Nous proposons aujourd’hui un modèle qui rend sa légitimité à l’adulte à poser un cadre. Et nous sommes à l’affut de toutes les découvertes, en psychologie et en sciences de l’éducation, pour ajuster et perfectionner ce modèle.
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