Comment accompagner les parents dans la gestion de leur propre usage des écrans face aux enfants/ados

Le rapport aux écrans est un thème central dans l’accompagnement parental. De nombreux parents demandent à leurs enfants de limiter leur temps d’écran, tout en ayant eux-mêmes des difficultés à poser leur téléphone, leur tablette ou à réduire le temps passé devant la télévision. Les enfants, eux, observent beaucoup plus qu’ils n’écoutent : ils remarquent vite le décalage entre les paroles et les comportements.

En tant que professionnel, vous pouvez aider les familles à travailler non pas sur la perfection, mais sur la cohérence et la sincérité. Voici cinq pistes à explorer avec les parents.

1. Déculpabiliser les parents

Il est essentiel d’expliquer aux parents que leur usage des écrans ne fait pas d’eux de « mauvais » parents. La plupart jonglent avec des journées intenses, du stress, et les écrans peuvent leur apparaître comme un refuge.

Le rôle du coach est de normaliser cette difficulté, juste de la reconnaitre avec empathie tout en  rappelant que l’important n’est pas d’être irréprochable, mais authentique.

2. Instaurer une cohérence familiale

Plutôt que d’imposer aux enfants des règles qu’ils ne respectent pas eux-mêmes, encouragez les parents à construire un cadre commun. Quelques règles simples, appliquées par tous, suffisent à rétablir la crédibilité parentale :

     – Pas d’écrans à table.

     – Extinction 30 minutes avant le coucher.

     – Téléphones hors des chambres.

Le coach peut inviter les familles à co-construire ces règles et à les formaliser dans une « charte des écrans ».

3. Partager ses propres difficultés

Un levier puissant consiste à montrer aux parents qu’ils peuvent utiliser leurs propres défis comme modèle éducatif. En verbalisant leurs efforts, ils montrent à l’enfant que la gestion des écrans est une question qui concerne tout le monde.

Exemple à proposer aux parents :
« Je remarque que j’ai du mal à poser mon téléphone le soir. Comme toi, j’ai besoin d’aide pour décrocher. Et si on essayait ensemble d’arrêter à 20h30 et de faire autre chose ? »

Cette sincérité désamorce le rapport de force et transforme la difficulté en apprentissage partagé.

4. Encourager les alternatives

Réduire les écrans sans proposer d’activités de remplacement conduit souvent à l’échec. Les coachs peuvent inviter les familles à identifier des activités simples, accessibles, engageantes et adaptées à l’âge :

     – Jeux de société courts.

     – Cuisine partagée.

     – Lecture ensemble.

     – Petite promenade après le dîner.

Ces alternatives permettent d’ancrer de nouveaux rituels familiaux.

5. Introduire la notion de défis familiaux

Pour rendre la démarche plus motivante, suggérez aux parents de transformer la gestion des écrans en défis collectifs. Les ados, sont souvent plus réceptifs lorsqu’il y a un aspect ludique ou compétitif.

Exemples de défis possibles :

     – « Qui a le plus réduit son temps d’écran cette semaine ? »

     – « Qui réussit à poser son téléphone dès 20h30 sans le reprendre ? »

     – « Qui arrive à tenir un repas entier sans toucher à son appareil ? »

Ces défis renforcent la dynamique familiale et permettent aux parents de montrer qu’ils s’impliquent eux aussi dans l’effort.

6. Avancer par étapes

Accompagner les parents, c’est aussi les aider à ne pas viser un changement radical immédiat, mais à avancer par paliers.

Exemples de progression :

    – Commencer par supprimer les écrans à table.

    – Puis instaurer une coupure avant le coucher.

    – Enfin, remplacer une soirée télé par une activité familiale.

Chaque étape réussie valorise les efforts, renforce la cohérence et montre à l’enfant que ses parents évoluent eux aussi.

En conclusion

Pour les professionnels de l’accompagnement parental, il s’agit moins d’imposer une vision « idéale » que d’aider les familles à trouver un équilibre réaliste. Les enfants n’attendent pas de leurs parents la perfection, mais de la cohérence, de l’exemple et de l’authenticité.

En soutenant les parents dans cette démarche progressive et bienveillante, vous leur permettez de transmettre une leçon précieuse : apprendre ensemble à mieux gérer les écrans, sans conflit et sans culpabilité.

Un enfant qui réfléchit

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Comment mieux gérer la frustration quand on limite les écrans (sans jeter la tablette  ou le téléphone par la fenêtre)

Ah, les écrans… Ces petits rectangles lumineux capables d’hypnotiser un enfant (ou un adulte…) plus vite qu’un magicien avec ses tours !

Les recommandations scientifiques sont claires. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS, 2019) et l’Académie Américaine de Pédiatrie (AAP, 2016) rappellent qu’un usage excessif peut impacter le sommeil, la concentration et même la santé physique. Alors, quand on décide de limiter les écrans à la maison, on se heurte rapidement à une invitée peu agréable : la frustration.

Et soyons honnêtes, la frustration ne touche pas seulement les enfants… mais aussi les parents. On se surprend parfois à rêver d’un bouton « mise en veille » sur notre progéniture ou sur nous mêmes.

Comprendre la frustration (et pourquoi elle nous dérange autant que le voisin qui fait du karaoké à 3 heures du mat…)

La frustration est une émotion normale qui naît quand un désir n’est pas satisfait. Chez l’enfant, elle peut ressembler à une éruption volcanique ; chez l’adulte, plutôt à un grognement intérieur accompagné d’un « mais pourquoi j’ai eu cette idée de limiter les écrans déjà ? ».

Les neurosciences nous disent que cette réaction est liée au système de récompense du cerveau, notamment la dopamine. Les écrans, avec leurs couleurs vives et leurs récompenses instantanées (le fameux « encore un épisode »), agissent un peu comme des chips : plus on en prend, plus on en veut. Limiter les écrans, c’est dire à un cerveau habitué : « pas de dessert aujourd’hui » (Kühn & Gallinat, 2015). Résultat : éruption volcanique garantie.

Voici quelques stratégies (scientifiques ET pratico-pratiques) pour gérer la frustration

- Tout d’abord, nommer l’émotion

On ne le dira jamais assez, accueillir l’émotion d’un enfant : « Je comprends que tu sois frustré » active le cortex préfrontal, cette partie du cerveau qui régule les émotions. C’est un peu comme offrir des lunettes de soleil à quelqu’un qui se plaint du soleil : ça n’éteint pas le soleil, mais ça aide à mieux le supporter (Siegel & Bryson, 2011). Et surtout cela permet à notre enfant d’apprendre à réguler la frustration. Tout bénéf pour le long terme.

- Ensuite, proposer une alternative réaliste

Non, remplacer un dessin animé ou un jeu par une partie de Monopoly ou de bazar bizarre n’est pas forcément la meilleure idée si nous tenons à notre santé mentale. Mais proposer une activité courte, engageante et choisie ensemble (« tu veux dessiner ou faire une mini-bataille de coussins ? ») permet de détourner l’attention sans passer pour un dictateur domestique.

- Le pouvoir du « oui, dès que », du « oui quand », du « oui lorsque »

Plutôt que de dire « non, pas d’écran », essayons le « oui,  » :

     – « Oui, tu peux regarder un dessin animé… une fois par semaine comme nous l’avons fixé sur le planning. » (on est d’accord, pour certains d’entre nous, c’est la limite très longue !!!)

     – « Oui, tu peux jouer… lorsque nous aurons dîner.»

Ce petit « oui » apaise l’ego, tout en gardant le contrôle, ou en tout cas, tout en apprenant à le garder (Kazdin, 2008)

- Enfin, réguler notre propre frustration (spoiler : c’est la partie la plus dure !)

Car soyons clairs : si nous sommes tendus, l’enfant le sent et réagit au quart de tour. Les études sur la régulation émotionnelle (Gross, 2015) montrent que la respiration profonde, la mise en retrait quelques secondes ou même l’autodérision (« on dirait que tu es en grève des câlins ? ») peuvent réduire le niveau de tension.

Rire de la situation (pour éviter les bombes atomiques)

La psychologie du bien-être rappelle que l’humour ou l’auto-dérision sont des stratégies efficace pour désamorcer les conflits. Donc, la prochaine fois que notre enfant hurle « mais tout le monde a le droit sauf moi », pourquoi ne pas répondre :

     – « Exact, sauf les pandas, et tu sais quoi ? Ils survivent très bien sans tablette. »

     – « Mais moi aussi, je voulais passer du temps à scroller mais mes neurones m’ont dit que ça n’était plus possible et qu’il fallait que je fasse une pause  »

Cela ne marchera pas toujours, mais au moins, nous nous ferons rire nous-même. Et, surtout, cela détendra l’atmosphère.

Sur le long terme : transformer la frustration en apprentissage

Limiter les écrans, c’est aussi donner aux enfants l’occasion d’apprendre la patience, la tolérance à la frustration et la créativité. C’est un peu comme les légumes : ils ne les adorent pas sur le moment, mais à long terme, ça construit des adultes plus solides. Les recherches montrent que la capacité à tolérer la frustration dans l’enfance est corrélée à la réussite scolaire, à de bonnes relations sociales et même à la santé mentale (Mischel et al., 2011). Et bonne nouvelle ! Cela s’apprend mais nous allons devoir mettre la main à la pâte et parfois (souvent ?)  travailler sur notre propre frustration.

Conclusion

Gérer la frustration liée à la réduction des écrans, c’est accepter un peu de chaos, de cris et de négociations dignes d’un sommet de l’ONU. Mais en combinant empathie, humour et quelques astuces scientifiques, on peut transformer cette bataille quotidienne en apprentissage… pour l’enfant et pour le parent.

Et si jamais cela devient trop intense… respirons, rappelons-nous que nous sommes les adultes, et répétons ce mantra : « Ce n’est qu’un écran, pas une question de vie ou de mort. » ou encore « Je travaille à la construction de son cortex préfrontal »

 

Prêt ? Alors let’s go et que la Force soit avec nous !

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Comment accompagner un jeune enfant surexposé aux écrans ?

1. C'est quoi exactement, la surexposition aux écrans ?

Des enfants sur leurs écrans

On parle de surexposition quand un tout-petit (moins de 6 ans) est régulièrement exposé à des écrans (TV, tablette, smartphone…) plusieurs heures par jour, souvent sans cadre, ni interaction humaine. Selon les études, une enfant de 2 ans passe 1h/jour devant un écran. C’est déjà beaucoup mais on ne parlera pas de surexposition. Le changement de registre intervient à partir de 4 ou 5 heures/jour : on parle alors de ce que les professionnels appellent le syndrome d’exposition précoce aux écrans.

Les effets ?

La surexposition aux écrans interfère avec les besoins fondamentaux du tout-petit et provoque :

🔹 Retard de langage (parce que Dora, même bilingue, ne remplace pas une vraie conversation).

🔹 Troubles de l’attention (passer de Baby Shark à Pat’Patrouille en 0,3 secondes, ça n’aide pas à se concentrer). Une maman sur quatre déclare qu’elle utilise son portable pendant les temps d’échange avec son bébé et que ça modifie la qualité des échanges visuels

🔹 Troubles de la motricité fine et de la coordination Une étude française dirigée par Anne-Lise Ducanda (2017) a observé chez des enfants surexposés aux écrans une régression des compétences de manipulation : ils ne savaient plus tourner une clé, faire des puzzles simples ou empiler des cubes. Cela montre un déficit de l’intelligence pratique, directement liée aux manipulations d’objets concrets.

🔹 Agitation, repli, maladresses gestuelles, voire comportements évoquant à tort des troubles du spectre autistique.

🔹 Désintérêt pour les jeux relationnels (jouer à faire semblant d’être papa ou maman ? Non merci, l’écran est plus prévisible).

Ce phénomène de surexposition inquiète – à juste titre – les parents et les professionnels.

2. Que faire ?

🧠 Bonne nouvelle : « Oui, on peut revenir à la normale »

 

Les enfants ne sont pas des machines cassées par les écrans, Leur cerveau est plastique. Cela signifie qu’il est malléable, et encore plus avant 6 ans. En supprimant ou en limitant fortement les écrans, les progrès peuvent être spectaculaires :

 

« Il s’est remis à parler »,
« Il sourit à nouveau »,
« Il rejoue avec ses cubes »…


Des phrases entendues dans bien des cabinets de professionnels formés chez APcomm.

Concrètement on propose quoi aux parents ?

👉 Observer sans culpabiliser : l’objectif n’est pas de les pointer du doigt, mais de les aider à comprendre.

 

👉 Redonner la priorité aux besoins essentiels de leur enfant :

 

✳️ Le regard

– Un bébé grandit dans le regard de l’adulte. Ces échanges doivent être nombreux car ce sont eux qui permettent au bébé de développer sa capacité d’attention volontaire (différent de l’attention réflexe générée par l’écran)

– L’échange yeux dans les yeux est une réponse adaptée, sécure, intense et qui participe à l’attachement.

 

✳️ La parole

Un écran ne parle pas en « mamalangue » (cette manière intuitive qu’a un adulte de parler au bébé). C’est pourtant essentiel pour l’enfant développe son langage.

En plus, les neurones miroirs dans nos zones motrices font que lorsque l’on parle, l’autre a envie de parler. Comme quand on voit quelqu’un bailler. Devant l’écran, ces neurones miroirs ne s’activent pas sauf si le parent est à côté et répète les mots.

 

✳️ La manipulation d’objets en 3D

Manipuler est essentiel. Un écran plat n’a ni pâte à modeler, ni odeur de sable mouillé. Or sans manipulation, pas de développement sensorimoteur harmonieux. C’est aussi l’accès au 3D qui va lui permettre de développer sa vision en relief. Il pourra ainsi estimer les distances, coordonner sa main et son œil dans l’espace, construire son repère corporel. Avec les écrans, rappelons nous que les images sont « plates » sans perspective réelle.

 

✳️ Le mouvement, le moteur du développement.

De 0 à 3 ans, l’enfant explore le monde avec son corps.
Bouger stimule :

– la coordination motrice (marcher, sauter, ramper…)

– la régulation émotionnelle (par l’activité physique)

– les connexions neuronales (neuroplasticité)

 

Une étude publiée dans Frontiers in Psychology (2018) a montré que le mouvement physique stimule les fonctions exécutives (attention, mémoire de travail, inhibition), toutes nécessaires pour les futurs apprentissages scolaires.

Sac de mary poppins

Un outil qui fait plait aux parents : le sac de Mary Poppins

 

Plutôt que de dégainer le smartphone dans la salle d’attente, on encourage les parents à préparer un sac d’objets attrayants :
🧸 un doudou,
🎶 une petite boîte à musique,
📦 quelques cubes,
🐒 une peluche préférée,
🧩 un petit puzzle…
Bref, tout ce qui peut occuper, rassurer et reconnecter.

En conclusion

Non, les écrans ne sont pas le mal absolu. Mais pour un enfant de moins de 6 ans, ils sont souvent un faux ami. Le vrai besoin, c’est l’adulte. En chair, en os, en voix, en regard, et parfois… avec une girafe Sophie dans la poche.

 


 

Vous voulez aller plus loin, être formé sur toutes les tranches d’âge

 

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Le programme de la formation est accessible sur notre site : https://apcomm.fr/formation-accompagner-les-parents-sur-la-question-des-ecrans/

 

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