Comment accompagner les enfants lors de conflits en périscolaire ?

Et si on arrêtait d’arbitrer comme au Foot

C’est reparti : 17h35, début du match.
Tom accuse Lila d’avoir triché. Lila crie que Tom l’a insultée. L’animatrice soupire. Elle rêve d’un café, et sûrement pas de jouer les prolongations.

👉 Bonne nouvelle : on n’est pas obligé de trancher à leur place (même si la tentation est grande de sortir le carton rouge et de tout confisquer).
Ce qu’on peut faire : les accompagner pour qu’ils deviennent eux-mêmes capables de résoudre leurs conflits.

Médiateur vs Arbitre : même chaise, posture différente

L’arbitre décide, juge, punit.
→ L’enfant n’apprend rien, à part qu’il faut mieux mentir la prochaine fois.

Le médiateur facilite. Il écoute, reformule, encourage la recherche de solution.
→ L’enfant développe ses compétences sociales, son autonomie… et son empathie (si, si, c’est possible).

💡 La méthode APcomm en 5 étapes : 💡

1. Écouter vraiment, séparément.

« Raconte-moi ce qu’il s’est passé pour toi. »
On évite les jugements. On permet à l’enfant de confier son émotion et de ne pas se laisser submerger par elle.

2. Reformuler le problème en langage neutre.

« Donc si je comprends bien, vous vous êtes tous les deux sentis frustrés à cause du ballon. »

3. Encourager la négociation.

« Je vous laisse chercher ensemble une solution juste pour chacun. Je suis juste à côté si besoin. » (quand les enfants n’ont pas encore l’habitude de cette pratique, l’adulte reste présent et guide la recherche de solution.)

4. Brainstorming : on note toutes les idées.

Oui, même celle qui propose d’envoyer le ballon sur la Lune. L’important, c’est de libérer la parole sans censure.

5. Choisir une idée à tester.

“On essaie celle-là et si ça ne marche pas, vous pouvez revenir m’en proposer une autre.”

Et si aucun des deux ne veut coopérer ?

🛑 Plan B, pas punitif mais ferme :
« OK. Il existe une solution qui ne vous plaira pas (ni à moi) : je prends l’objet du conflit. »
Rappeler le cadre, sans colère, sans menace. Juste avec cohérence.

Développer l’empathie : mission possible et même indispensable

Et si, au lieu de demander
« Tu te rends compte de ce que tu lui as fait ? »,
on testait :
« Peux-tu essayer d’imaginer ce qu’il a pu ressentir ? Tu n’as pas besoin d’être d’accord, juste d’essayer. »

📚 Petit rappel des stades d’empathie (oui, le développement affectif ne se fait pas en une nuit) :

🍼 Vers 2 ans : l’empathie affective

À cet âge, l’enfant commence à ressentir ce que l’autre ressent, sans forcément comprendre pourquoi. C’est une empathie « émotionnelle », encore très spontanée.

L’enfant ne fait pas encore bien la différence entre ses propres émotions et celles de l’autre. Il perçoit la tristesse, la peur ou la joie d’autrui, et réagit en miroir.

Ex : Si un camarade pleure, il peut se mettre à pleurer aussi, simplement parce que cette émotion le touche directement.

🧒 Entre 4 et 6 ans : l’empathie cognitive

L’enfant commence à comprendre que l’autre a des pensées et des émotions différentes des siennes. Il ne fait plus qu’éprouver la peine de l’autre : il commence à la comprendre.

C’est le moment où se développe ce qu’on appelle la « théorie de l’esprit » : la capacité à se représenter ce que l’autre ressent ou pense.

Ex : Il comprend qu’un camarade est triste parce qu’il a perdu un jouet, même si lui ne trouve pas ça grave.

👧🧑 Entre 9 et 11 ans : l’empathie morale

L’enfant intègre des valeurs morales et une compréhension sociale plus larges. Il ne s’agit plus seulement de comprendre ou de ressentir ce que l’autre vit, mais de se sentir responsable du bien-être d’autrui et d’agir en conséquence.

Il comprend que certaines actions peuvent blesser moralement et qu’il existe des principes de justice, de respect, de solidarité.

Ex : Il réfléchit à ce qui est « juste » : « Si c’était moi, j’aimerais qu’on m’aide. »

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Jalousie, rivalité et conflits dans la fratrie (qui peut être adaptée à la collectivité)

Mieux vivre avec les autres, ça s’apprend – le super pouvoir des compétences psychosoiales

Pourquoi aider les parents à développer les Compétences PsychoSociales (CPS) de leurs enfants, et comment ?

Les compétences psychosociales (CPS) sont un ensemble dhabiletés cognitives, émotionnelles et sociales que nous mobilisons pour faire face aux exigences de la vie quotidienne, réguler nos émotions, résoudre des problèmes et entretenir des relations positives. Cela représente par exemple la conscience de soi, la régulation émotionnelle, la capacité à communiquer, lempathie et la résolution de problèmes. Le développement précoce de ces compétences chez lenfant favorise un meilleur bien-être, une meilleure réussite scolaire et des relations familiales plus harmonieuses.

Pour un parent, promouvoir les CPS chez son enfant revient à laccompagner dans lapprentissage de compétences de vie – et en parallèle, à renforcer ses propres compétences parentales, ce qui crée un cercle vertueux. Les programmes d’éducation parentale et dintervention précoce montrent quun soutien ciblé aux parents améliore non seulement le bien-être parental mais aussi ladaptation émotionnelle et comportementale des enfants.

Schéma représentant les compétences Psychosociales (CPS) en 3 axes : Cognitives, sociales et émotionnelles.

Pourquoi développer les CPS chez l’enfant via les parents ?

Parce que nos enfants apprennent dabord par imitation et par interaction. Les parents qui montrent des stratégies de régulation émotionnelle, une communication assertive (c’est à dire exprimer ses opinions, ses besoins et ses émotions de manière claire, directe et respectueuse sans agressivité ni passivité) et une résolution de problèmes structurée fournissent un modèle que lenfant pourra intégrer. Les environnements familiaux favorables (routines, soutien émotionnel, règles explicites) offrent des occasions répétées de pratiquer ces compétences. Ces mécanismes sont documentés dans la littérature sur le développement social-affectif et la promotion de la santé mentale.

Ensuite, les CPS protègent contre les risques et favorisent la résilience. Des compétences comme la régulation émotionnelle, laptitude à résoudre des problèmes et lestime de soi servent de facteur de protection face aux situations stressantes (conflits, transitions scolaires, événements de vie). Les politiques de santé publique qui intègrent le développement des CPS visent à renforcer la résilience individuelle et communautaire.

Enfin, les interventions parentales ont fait leurs preuves ! Revues et guides montrent que les programmes de formation parentale (par ex. programmes fondés sur lattachement, programmes psychoéducatifs) sont efficaces pour améliorer les comportements parentaux et, secondairement, les compétences socio-émotionnelles des enfants. Des revues identifient des effets positifs, particulièrement lorsque lintervention est structurée, interactive et inclut des éléments pratiques (jeux de rôle, pratiques à la maison, coaching).

Mais quelles CPS viser avec les parents ?

Pour faciliter le travail des parents, on peut regrouper les CPS en 7 compétences clés à travailler ensemble :

1- Conscience de soi – nommer ses émotions, reconnaître ses forces et ses limites.

2- Régulation émotionnelle – stratégies pour apaiser une émotion intense (respiration, pause, langage).

3- Empathie et compréhension des autres – reconnaître ce que l’autre ressent et pourquoi.

4- Communication efficace – exprimer ses besoins de façon claire et respectueuse (écoute active, phrases en « je »).

5- Résolution de problèmes / prise de décision – identifier un problème, générer des solutions, tester et évaluer.

6- Assertivité et limites – poser des règles claires sans agressivité.

7- Gestion du stress et persévérance – tolérer la frustration, relancer après un échec (le nerf de la guerre pour l’école notamment…)

Ces catégories s’alignent sur les cadres proposés par l’OMS et les agences de santé publique pour la classification des CPS. Elles donnent un guide pour fixer des objectifs d’apprentissage concrets en famille.

Un dessin de cerveau, avec deux mains tenant un éclair et une ampoule, pour représenter les compétences psychosociales (CPS)

Et… Comment travailler avec un parent ?

Avant de proposer des outils, connectons-nous à nos propres compétences psychosociales. Pendant longtemps, l’éducation a été pensée selon un modèle descendant : il y a ceux qui savent et ceux qui écoutent. Aujourd’hui, on privilégie une posture collaborative fondée sur la co-construction et la valorisation des compétences parentales.

C’est ce que nous faisons depuis 20 ans chez APCOMM lorsque nous proposons :

D’évaluer de façon bienveillante : en commençant par utiliser nos propres CPS, en repérant les forces du parent et les situations prioritaires (plutôt que souligner uniquement les « problèmes »).

D’aider à fixer des objectifs SMART en proposant des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporellement définis (ex. « dici notre prochaine rencontre, utiliser 3 fois une stratégie de pause lors dun conflit »).

D’utiliser une pédagogie active par des jeux de rôle, feedback immédiat, répétition en situation réelle.

→ De modéliser et de co-réflechir : Nous encourageons le parent à réfléchir à ses réactions et à tester des alternatives.

D’insister sur l’intérêt des petits pas et le renforcement positif en introduisant progressivement des changements et en célébrant les succès.

De contextualiser nos suggestions aux besoins des familles : en adaptant les exemples et la langue aux valeurs familiales.

Et enfin de mesurer et suivre : en enregistrant les progrès avec des outils simples (journal, échelle de stress, fréquence dutilisation dune stratégie).

Mais quels stratégies pratiques et outils concrets pouvons-nous proposer aux parents ?

Il y en a de nombreuses et de nombreux. Voici un outil à proposer, avec une activité facile et un dialogue à appliquer afin de développer les compétences émotionnelles.

Enseigner la conscience émotionnelle (pour le parent & lenfant)

Activité « boîte à émotions » : dessiner ou mettre des photos d’expressions, nommer l’émotion en un mot.

→ Dialogue parent : « Je vois que tu as le visage tout serré – j’ai l’impression que tu es en colère ? Peux-tu me montrer avec la main où tu le ressens ? »

But : augmenter le vocabulaire émotionnel et la capacité d’identifier une émotion avant quelle nexplose.

Notre formation « Développer vos compétences psychosociales » vous propose de multiples ressources afin de permettre aux parents des prises de conscience et des mises en pratique. Lors de café-parents, de groupe de parole, les outils proposés peuvent permettre la construction de stratégies familiales, de partage d’expériences profitables. Cette collaboration entre parents peut vraiment favoriser la motivation et éviter l’abandon si fréquent lorsque l’on ne se sent pas compétent.

Bien sur tout cela va prendre du temps car :

– Nos rythmes de vie nous confrontent au manque de temps. Il nous faut donc viser des « micros pratiques », des « plus petits pas possibles » pour que cela soit viable.

Les injonctions de la société sont telles, que beaucoup de parents doutent de leurs compétences. L’objectif n’est pas d’être « parfait », comme nous le disons souvent, mais d’être un parent « suffisamment bon », selon la formule de Winnicott.

– Nos propres histoires, ne nous ont pas toujours permis de développer ces fameuses compétences émotionnelles. Une éducation autoritaire, culpabilisante ou évitante ne nous a pas aidé. Il faudra donc prioriser l’auto-soin parental (et professionnel ?) en nous soutenant les uns les autres. Nous devrons probablement apprendre à demander de l’aide, à nous préserver, à nous pardonner et à déculpabiliser.

Les apprentissages viendront contredire ce que l’on a pu apprendre, notre éducation ou nos valeurs. Il nous faudra alors adapter, s’adapter et changer notre regard.

– Enfin, nos enfants, ceux que nous accompagnons, ne vont pas sauter de joie avec ces nouvelles pratiques et il y aura, bien des fois, de la résistance. L’utilisation du petit pas, de la réparation lorsque cela a dérapé, facilitera la relation et la résilience.

Vers une culture de l'éducation des compétences psychosociales ?

Développer les CPS ne se limite pas à l’enfant, nous l’avons vu. C’est un projet collectif ! Il implique la famille, l’école, les institutions et la société.

Alors oui, développer les compétences psychosociales (CPS) dun enfant passe presque inévitablement par laccompagnement des parents : les parents fournissent le modèle, les routines et les opportunités dapprentissage. Mais nous devons être vigilants et penser co-éducation, car nous n’avons pas tous reçu ce bagage à notre naissance et durant notre enfance. Un accompagnement structuré, non jugeant, centré sur des pratiques simples (conscience émotionnelle, régulation, communication, résolution de problèmes) et adapté au contexte familial, pourra produire des effets bénéfiques mesurables pour lenfant et le parent. 

Un enfant qui réfléchit

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APcomm propose une formation à destination des professionnels pour qu’ils puissent découvrir les CPS et les développer, en 4 modules.

Cette formation est disponible aussi bien pour les jeunes enfants, les enfants mais aussi les ados.

Le programme de la formation est accessible sur notre site :

Comment accompagner les parents dans la gestion de leur propre usage des écrans face aux enfants/ados

Le rapport aux écrans est un thème central dans l’accompagnement parental. De nombreux parents demandent à leurs enfants de limiter leur temps d’écran, tout en ayant eux-mêmes des difficultés à poser leur téléphone, leur tablette ou à réduire le temps passé devant la télévision. Les enfants, eux, observent beaucoup plus qu’ils n’écoutent : ils remarquent vite le décalage entre les paroles et les comportements.

En tant que professionnel, vous pouvez aider les familles à travailler non pas sur la perfection, mais sur la cohérence et la sincérité. Voici cinq pistes à explorer avec les parents.

1. Déculpabiliser les parents

Il est essentiel d’expliquer aux parents que leur usage des écrans ne fait pas d’eux de « mauvais » parents. La plupart jonglent avec des journées intenses, du stress, et les écrans peuvent leur apparaître comme un refuge.

Le rôle du coach est de normaliser cette difficulté, juste de la reconnaitre avec empathie tout en  rappelant que l’important n’est pas d’être irréprochable, mais authentique.

2. Instaurer une cohérence familiale

Plutôt que d’imposer aux enfants des règles qu’ils ne respectent pas eux-mêmes, encouragez les parents à construire un cadre commun. Quelques règles simples, appliquées par tous, suffisent à rétablir la crédibilité parentale :

     – Pas d’écrans à table.

     – Extinction 30 minutes avant le coucher.

     – Téléphones hors des chambres.

Le coach peut inviter les familles à co-construire ces règles et à les formaliser dans une « charte des écrans ».

3. Partager ses propres difficultés

Un levier puissant consiste à montrer aux parents qu’ils peuvent utiliser leurs propres défis comme modèle éducatif. En verbalisant leurs efforts, ils montrent à l’enfant que la gestion des écrans est une question qui concerne tout le monde.

Exemple à proposer aux parents :
« Je remarque que j’ai du mal à poser mon téléphone le soir. Comme toi, j’ai besoin d’aide pour décrocher. Et si on essayait ensemble d’arrêter à 20h30 et de faire autre chose ? »

Cette sincérité désamorce le rapport de force et transforme la difficulté en apprentissage partagé.

4. Encourager les alternatives

Réduire les écrans sans proposer d’activités de remplacement conduit souvent à l’échec. Les coachs peuvent inviter les familles à identifier des activités simples, accessibles, engageantes et adaptées à l’âge :

     – Jeux de société courts.

     – Cuisine partagée.

     – Lecture ensemble.

     – Petite promenade après le dîner.

Ces alternatives permettent d’ancrer de nouveaux rituels familiaux.

5. Introduire la notion de défis familiaux

Pour rendre la démarche plus motivante, suggérez aux parents de transformer la gestion des écrans en défis collectifs. Les ados, sont souvent plus réceptifs lorsqu’il y a un aspect ludique ou compétitif.

Exemples de défis possibles :

     – « Qui a le plus réduit son temps d’écran cette semaine ? »

     – « Qui réussit à poser son téléphone dès 20h30 sans le reprendre ? »

     – « Qui arrive à tenir un repas entier sans toucher à son appareil ? »

Ces défis renforcent la dynamique familiale et permettent aux parents de montrer qu’ils s’impliquent eux aussi dans l’effort.

6. Avancer par étapes

Accompagner les parents, c’est aussi les aider à ne pas viser un changement radical immédiat, mais à avancer par paliers.

Exemples de progression :

    – Commencer par supprimer les écrans à table.

    – Puis instaurer une coupure avant le coucher.

    – Enfin, remplacer une soirée télé par une activité familiale.

Chaque étape réussie valorise les efforts, renforce la cohérence et montre à l’enfant que ses parents évoluent eux aussi.

En conclusion

Pour les professionnels de l’accompagnement parental, il s’agit moins d’imposer une vision « idéale » que d’aider les familles à trouver un équilibre réaliste. Les enfants n’attendent pas de leurs parents la perfection, mais de la cohérence, de l’exemple et de l’authenticité.

En soutenant les parents dans cette démarche progressive et bienveillante, vous leur permettez de transmettre une leçon précieuse : apprendre ensemble à mieux gérer les écrans, sans conflit et sans culpabilité.

Un enfant qui réfléchit

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APcomm propose une formation à destination des professionnels pour qu’ils puissent accompagner les parents sur la question des écrans.
On y parle des jeunes enfants, des enfants mais aussi des ados.

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Prochaine session de 3 jours en présentiel (St Maur des Fossés – proche Paris) : 24-25-26 novembre 2025 et 2/3/4 février 2026

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